samedi 30 juillet 2016

26 juillet – Winnipeg (Manitoba), 2e jour

Nous sommes présentement sur une île perdue au milieu du Lac Supérieur où la technologie est encore à l'âge de pierre. J'essaie d'envoyer cet article depuis quelques jours.    

Mardi, nous débutons notre journée par une visite guidée à la maison historique de Louis Riel, dans le quartier St-Vital.  C’est là qu’il vécut avec ses parents et ses dix frères et sœurs.  Étant l’aîné, il fut envoyé à Montréal pour poursuivre des études en prêtrise et il y demeura pendant quatre ans.  Au décès de son père en 1868, il revint à Rivière Rouge, à la demande de sa mère.  

La maison de Louis Riel
A l'intérieur de la maison de Louis Riel
 Les Métis de la colonie, craignant que leurs terres soient annexées par le Canada, demandent à Louis Riel de les aider à défendre leurs droits de peuple autochtone du Nord-Ouest et le prennent comme chef. Il dirige alors la résistance en 1869-1870. Riel devient président du gouvernement provisoire et choisit le nom « Manitoba » pour la nouvelle province établie grâce aux Métis.  Dans les années 1870, Riel est élu trois fois à la Chambre des communes mais se voit refuser son siège. Expulsé du pays et évincé du pouvoir politique, il se réfugie aux États-Unis et au Québec.

A l’été 1884, ses compatriotes du district de la Rivière Saskatchewan Sud l’invite à les aider à défendre leurs droits et à devenir leur chef. L’armée canadienne réussit à mater la guerre nationale des Métis en mai 1885. Louis Riel est promptement inculpé, jugé et condamné à mort.  Le 16 novembre 1885, il est pendu pour trahison à Regina (Saskatchewan) à l’âge de 41 ans. 

Après cette visite très émouvante, nous nous rendons à l’édifice de la Monnaie Royale Canadienne.  En attendant le début de la visite, nous faisons le tour des expositions et nous apprenons que nous fabriquons la monnaie pour 76 pays, soit près de la moitié des pays du monde. Les drapeaux de ces pays sont tous déployés le long du chemin conduisant à l’entrée de l’édifice.  

Le Canada fabrique la monnaie pour tous ces pays
 Pour augmenter notre savoir, et le vôtre, voici quelques questions qui nous furent posées. 
- Quels sont les 4 pays représentés au revers de la pièce de 50 cents? Comme indice, je vous dis que ce sont les 4 pays fondateurs du Canada.
-Au revers de la pièce de 10 cents, voit-on le côté bâbord ou tribord du Bluenose?
J’attends vos réponses.

En 2017, pour les 150 ans du Canada, il n’y aura pas d’animaux sur la monnaie mais des personnes canadiennes importantes choisies par le vote populaire.  



Pour notre dernière visite de la journée, nous nous rendons au Lower Fort Garry, situé à 32 kilomètres au nord-est de Winnipeg. Ce fort de commerce de fourrures, qui appartenait à la Compagnie de la Baie d’Hudson, est très bien conservé et restauré tel qu’il était au milieu du 19e siècle.  Il fut construit en 1831, après les inondations à la Fourche (The Forks) en 1826.

Nous prenons la visite guidée avec Mademoiselle Vertefeuille; vous avez compris que nous aimons nous faire raconter des histoires.  Elle est très contente car nous sommes les premiers  visiteurs à prendre la visite en français avec elle depuis le début de juillet. 

La visite se déroule comme une pièce de théâtre et se passe en 1851.  Mademoiselle Vertefeuille nous amène visiter les gens qui vivent à Lower Fort Garry.  Nous arrivons à la maison de Monsieur et Madame Ross qui sont des bourgeois, Monsieur Ross étant le représentant du gouverneur.  A l’intérieur, nous rencontrons Madame Ross, Monsieur Cooker, un homme engagé qui va bientôt se marier, et deux servantes métis. Je demande aux servantes de Madame Ross si elle est une bonne patronne et, en hésitant, elles me disent qu’elle est plus gentille que Madame Black.  « Mais qui est Madame Black? », leur dis-je. Mademoiselle Vertefeuille me répond : « C’est la femme de Monsieur Black, le gérant du magasin de fourrures. Elle n’est pas chez elle présentement, elle a une crise ».  « Une crise de quoi », je lui demande. « Une crise de nerfs car elle et Monsieur Black ne s’entendent pas bien ». 

Mademoiselle Vertefeuille devant la maison de M. et Mme Ross
Mme Ross et M. Cooker qui va se marier bientôt
Après avoir remercié Madame Ross de son hospitalité, Mademoiselle Vertefeuille nous amène visiter Monsieur Hibou qui revient de la chasse et qui est campé près du fort. C’est là que vit aussi Mademoiselle Vertefeuille, qui est Métis et qui aime vivre à la façon autochtone plutôt qu’à l’européenne. 

Serge et Monsieur Hibou
 Nous faisons ensuite un arrêt chez le forgeron qui, bien que pas très propre, est un bon partie pour les filles du village car il gagne plus d’argent; plusieurs filles lui tournent autour. Il fabrique un clou pour Serge en un temps record.  Mademoiselle Vertefeuille nous explique pourquoi les mariages ont lieu en mai. C’est que les gens du peuple prennent un bain une fois par année et c’est en avril (probablement à Pâques). En mai, ils sont encore propres, selon ses dires.  La balance du temps, ils se lavent à l’éponge avec un bassin d’eau. 

Le forgeron que les filles du village voudraient bien épouser
Nous visitons d’autres maisons puis entrons dans le fort.  Nous nous arrêtons au logis des hommes engagés où nous retrouvons Monsieur Cooker, le fiancé, qui jase avec les jeunes filles métis qui font le ménage. Les filles nous avouent que les hommes ne sentent pas très bon dans cette maison. Nous comprenons que  ceux-ci ne sont pas portés sur l’éponge et le bassin d’eau.

Dans le logis des hommes engagés
Nous allons visiter le magasin général et, à l’étage, le lieu où sont entreposées les fourrures.  Mademoiselle Vertefeuille nous dit que, la compagnie de la Baie d’Hudson ayant le monopole du commerce des fourrures, c’est Monsieur Black qui fixe les prix.  Il donne un prix meilleur aux Européens qu’aux Autchtones et aux Métis.  Monsieur Black, qui est présent, n’apprécie pas les commentaires de Mademoiselle Vertefeuille.  Je lui demande comment va sa femme.  Il me répond qu’elle est chez elle et se repose. Il est très occupé au fort et n’a pas le temps d’aller la voir.  Personne ne semble apprécier Madame Black.

Au magasin général du fort
Le dépôt des fourrures
Une magnifique peau d'ours. Faites une offre.

Monsieur Black et ses employées devant le magasin général
A la fin de la visite, nous remercions Mademoiselle Vertefeuille pour cette agréable visite.  Comme nous revenons en 2016 et que je la complimente sur sa belle interprétation, elle me confie qu’elle fait du théâtre amateur.  Elle a beaucoup de talent.  Une autre confidence, c’est elle qui joue le rôle de Madame Black certaines journées.  Si vous venez au fort, vous aurez peut-être la chance de la voir dans cet autre rôle de composition.

jeudi 28 juillet 2016

25 juillet – Winnipeg (Manitoba), 1er jour

Aujourd’hui lundi, nous nous rendons à Winnipeg. La route est belle, très droite et bordée d’immenses champs.  La ville est surprenante; c’est une métropole dans un lieu où on s’en attend le moins, s’élevant au-dessus de la prairie. Nous y arrivons vers midi. 

Après s’être stationnés à la gare des trains, nous nous dirigeons vers l’Information Touristique dans le quartier « The Forks ».  Équipés de cartes, nous parcourons le parc, puis traversons le pont au-dessus de la Rivière Rouge pour aller visiter St-Boniface, le quartier francophone de Winnipeg. 

 
Winnipeg
Il y a tellement de faits historiques reliés à cette communauté, que nous nous sentons emportés par l’Histoire. Nous nous arrêtons à la cathédrale et nous nous promenons dans le cimetière où nous retrouvons des noms familiers : Dufresne, Boivin, Lavoie, Goulet …. Pas de Blouin ni Hamel; mes ancêtres n’ont pas été attirés par l’Ouest Canadien, semble-il. Tout près de la cathédrale, se trouve le Musée de St-Boniface, logé dans l’ancien couvent des Sœurs Grises qui fut érigé à la fin des années 1840.  Le musée nous fait revivre l’œuvre des Sœurs Grises au début de la colonie, en éducation et auprès des malades. 

La cathédrale de St-Boniface
Le couvent des Soeurs Grises

Une nouvelle Soeur Grise
La première école pour filles fut établie en 1829 par les sœurs métis Angélique et Marguerite Nolin. Le fait qu’elles soient instruites et n’appartiennent à aucun ordre religieux était assez unique à cette époque. 

Une grande section du musée est consacrée à Louis Riel et à sa bataille pour faire reconnaître les droits des métis dans cette province majoritairement habitée par les métis francophones et anglophones. Ils  étaient traités comme des citoyens de seconde classe, bien qu’ils aient été le premier peuple après les autochtones. 

Bien qu’il fasse très chaud (37⁰C), je traîne Serge à travers les rues jusqu’à la maison de Gabrielle Roy, l’auteure manitobaine très connue qui a si bien décrit la vie à St-Boniface. Née dans ce quartier en 1909, elle y a enseigné en milieu rurale. Elle s’installe à Québec en 1939 et y publie son premier roman « Bonheur d’occasion » en 1945. Une grande partie de son œuvre est marquée par les paysages des Prairies et la pauvreté de son enfance.  

La maison de Gabrielle Roy à St-Bonirface
Nous terminons notre journée au camping Town & Country au sud de la ville où tout ce que je demande à la personne à l’accueil est « Un site avec l’électricité et de l’ombre ». Le préposé fait un bel effort et nous voilà installés, au frais, sous les arbres. Le seul bémol à ce camping est l’état des toilettes et des douches.  Espérons que le nouveau propriétaire saura remédier à cela au cours des prochaines années. 

mardi 26 juillet 2016

24 juillet – Inglis, Neepawa (Manitoba)

Nous continuons notre route vers l’est qui nous amènera au Manitoba en fin de journée.  Les habitations, éparpillées dans la prairie à travers les champs de moutarde, de canola et autres céréales, sont toutes entourées de gros arbres. Ceux-ci s’appellent des coupe-vent.  Ils protègent les maisons et leurs habitants des vents froids de l’hiver et de la neige qui s’accumule à l’extérieur de ce mur naturel.  Avant de faire notre entrée dans cette province, nous faisons un détour par Abernethy, pour une visite au lieu historique national Homestead Motherwell. 

Des champs de canola et de moutarde
C’est William Motherwell qui l’a construit dans les années 1880 et il en était très fier.  Né à Perth en Ontario, il est venu s’installer très jeune à Abernethy en Saskatchewan pour exploiter la terre que le gouvernement fédéral concédait aux colons afin d’inciter le peuplement de l’Ouest. 

La vie d’un homesteader était loin d’être facile. Muni à peine d’un bœuf ou d’un cheval de trait, d’une charrue, d’une charrette et de ses propres mains, les homesteaders construisirent leur vie dans les grandes plaines.  Des tempêtes de poussière et de neige ainsi que les sauterelles font de grands ravages, forçant nombreux d’entre eux à abandonner leurs terres. Malgré cela William Motherwell et sa famille persévèrent. Au début, il obtint 160 acres au coût de $10 pour les frais administratifs et, à la fin de sa vie, il possédait 860 acres de terre. Il se consacra à promouvoir la cause des fermiers de l’Ouest et devint un leader parmi les agriculteurs de la région.  Il fut par la suite Ministre de l’Agriculture au niveau provincial et fédéral.  

La maison de William Homewell

Chez les Homewell
Chez les Homewell, on savait amuser les enfants
A l’étable, nous rencontrons la fermière qui est désespérée. Plusieurs de ses poules ont pris la clé des champs au cours de la nuit car la porte du poulailler était restée ouverte. Nous l’aidons à les ramener au bercail, puis nous faisons les présentations.  Cette employée de Parcs Canada est originaire de Charlesbourg dans la banlieue de Québec, tout comme nous. Nous évoquons bien des souvenirs et lieux communs.  

La fermière qui a perdu ses poules
Nous partons ensuite pour Inglis, petit village au nord-ouest du Manitoba. Depuis le temps que nous voyons ces immenses élévateurs à grains modernes dans le paysage, nous voulions voir de près ceux du temps jadis.  

Les élévateurs à grains des temps modernes
Les élévateurs à grains d’Inglis sont maintenant classés site historique national, représentant les périodes importantes du développement du grain au Canada de 1900 à 1930.  Des milliers de ces élévateurs en bois ornaient les Prairies au sommet du boom agricole au début du 20e siècle, et nourrissaient le reste du Canada et même les villes en pleine expansion de l’Europe.

Nous faisons la visite guidée avec un fermier de la région à la retraite, dont le père lui a raconté le fonctionnement de l’élévateur et le système pour mesurer le grain et juger de sa qualité. Les pionniers étaient très créatifs.  C’est très différent de nos jours avec la venue des ordinateurs. 

Les élévateurs à grains du début du 20e siècle
Au cours des années 1920, Inglis croit rapidement pour répondre aux besoins des fermiers.  Tout au long de ces années, les chemins de fer bâtissent des centaines de voies secondaires pour desservir le réseau, mais elles furent abandonnées en 1985.  Inglis perdit de son importance et de sa prospérité. 

Nous continuons notre route jusqu’à Neepawa où nous nous installons pour la nuit au Lion’s Riverbend Campground. C’est un endroit charmant, juste à côté d’un grand parc avec des ruisseaux et des ponts où les familles sont venues passer leur dimanche et où nous allons nous promener après souper.

lundi 25 juillet 2016

22,23 juillet – Moose Jaw, Ogema (Saskatchewan)

Nous faisons nos adieux au monde des dinosaures et aux badlands et partons pour Moose Jaw en traversant  les grandes plaines.

Dans cette petite ville, nous partons à la recherche d’Al Capone à travers les tunnels qui relient deux hôtels sur la rue Main. Nous sommes plongés dans les années 1920, à l’époque où Al Capone utilisait le Soo Line Railway pour transporter illégalement du whisky jusqu’à Chicago; c’était l’époque de la prohibition aux États-Unis et celle des heures de gloire de l’ami Al à Chicago. Nous sommes accueillis par Fanny, sa secrétaire (et même plus) qui nous introduit, en tant que bootleggers, dans les salons et la chambre d’Al par des portes secrètes.  Elle attend Al qui doit arriver bientôt à Moose Jaw. Nous rencontrons Gus, le bras droit d’Al, qui se montre très méfiant et prêt à nous descendre. Fanny vient à notre secours et le convainc que nous voulons seulement acheter du whisky.  Par un tunnel, nous descendons à l’endroit où les bootleggers peuvent boire, jouer aux tables de jeux et gager beaucoup d’argent. Fanny entend à la radio que le chef de police et son escouade sont en route pour faire une descente.  Vite nous nous enfuyons, de porte secrète en porte secrète, dans les tunnels souterrains et bientôt, après avoir juré à Gus de ne jamais dévoiler les secrets des tunnels,  nous revenons à notre époque.  Comme nous tenions à rester en vie, nous n’avons pas pris de photos.

Ce soir nous campons au River Park Campground où nous avons comme voisins, des gens de l’Afrique du Sud avec qui nous passons une partie de la soirée. Vers 11h30, nous sommes réveillés par un violent orage électrique et même de la grêle.  Ça brasse tellement que Serge se lève pour baisser le toit et, pour la balance de la nuit, nous avons très chaud.

Samedi matin, c’est un lever matinal à 6h00, car nous nous rendons à Ogema, située à 150 kilomètres plus au sud, afin de prendre l’antique « Southern Prairie Railway » qui nous conduira jusqu’au village de Pangman. A notre arrivée, la dame à l’accueil nous dit : « C’est complet pour le train de ce matin et celui de l’après-midi ». Nous tentons notre chance et attendons jusqu’à 10h00 au cas où des gens ne se présentent pas. C’est ce qui s’est produit et nous embarquons finalement pour un voyage de 20 kilomètres qui nous prend une heure.  Comme vous voyez, nous aurions roulé aussi vite en vélo, mais sans les commentaires de la dame du village qui a à cœur son train restauré par les gens du village. 

All aboard! pour Pangman
Le tour le plus intéressant est « Heritage Tour », mais il a lieu seulement en après-midi.  Nous nous rendons donc à Pangman, en compagnie du marshal de la ville, où se tient le marché ce matin.  En tant que marché, il y a du progrès à faire; quatre tables de pique-nique avec des pots de confiture, des biscuits et petits pains, quelques légumes et quelques vêtements. Nous en avons vite fait le tour et partons plutôt à travers champs vers l’élévateur à grains qui n’est pas ouvert aux visiteurs ce matin.

Petit marché à Pangman

Un élévateur à grains antique à Pangman
Sur le chemin du retour, nous sommes attaqués par des cowboys qui arrivent à cheval et qui en veulent à notre argent.  Ils ont vite maîtrisé le marshal et embarquent dans notre wagon pour nous dépouiller.  Le bon côté de cette aventure est que l’argent récolté sera versé à des œuvres pour les enfants malades.

Au secours! Les bandits arrivent

Ils nous dépouillent

Oui Monsieur, je vous donne tout mon argent
Nous reprenons la route vers le nord-est  pour nous rendre dans la vallée Qu’appelle.  Nous cherchons un camping pour ce soir et nous nous arrêtons à Fort Qu’appelle sur le bord du lac Echo où il vente énormément.  Il reste un site disponible, en face du lac et devant une immense mare d’eau. Ce sera notre point d’arrêt pour la nuit.   

Notre plus beau coucher de soleil devant la mare d'eau
Nous étions presqu’endormis quand nous entendons au loin ce que nous pensons être le tonnerre.  Puis des gens s’approchent de notre site et nous entendons des Haaaa! des Hooo! Par la fenêtre, nous apercevons des feux d’artifice de l’autre côté du lac; nous sommes aux premières loges.

dimanche 24 juillet 2016

20, 21 juillet – Drumheller, Dinosaur Provincial Park (Alberta)

Nous avons enfin accès au WIFI à notre entrée au Manitoba (dimanche). Nous pouvons vous envoyer un autre récit de notre voyage...

Mercredi à 4h00 du matin, un violent coup de tonnerre nous réveil en sursaut. Peu de temps après, la pluie commence, ce qui nous aide à retrouver le sommeil.  Ce matin, nous prenons l’autoroute 2  en direction sud, pour nous rendre à Drumheller. Heureusement il n’y a pas de travaux routiers et, comme il est 10h00, la circulation est fluide.  Au sud de Red Deer, nous quittons l’autoroute pour prendre des routes secondaires jusqu’à Drumheller.  La culture du canola est partout et ajoute un élément décoratif au paysage. Les fermes sont prospères à en juger par le bon état des bâtiments et la quantité de silos.  


Au bout de la route 838, nous arrivons au Blerriot Ferry. Mais où est le « ferry »? C’est une plateforme flottante, de la largeur de la route, qui joint les deux rives de la rivière Red Deer, encastrée dans le canyon. C’est là que nous pique-niquons tout en regardant traverser les voitures.   

Blerriot Ferry


Comme nous sommes dans la région des dinosaures préhistoriques, nous allons visiter le Musée Royale Tyrrell. Si vous êtes intéressé par les fossiles de dinosaures et l’histoire de la vie sur terre, c’est le musée à visiter.  Planifiez y passer plusieurs heures, idéalement en avant-midi car il y a moins de monde.  La location d’un audioguide vous permettra de satisfaire votre curiosité. 

Les dinosaures du sud de l’Alberta datent de l’époque des centrosaurus, il y a 65 millions d’années. Les découvertes les plus récentes nous apprennent que l’homme est apparu sur terre il y a 5 millions d’années. On est loin de l’histoire de la bible qui nous dit que Dieu a créé l’univers en sept jours. 

La question qui nous est venue à l’esprit et, probablement à vous aussi : comment ces dinosaures se sont-ils conservés jusqu’à nos jours sous forme de fossiles et pourquoi en trouve-t-on autant en Alberta? C’est grâce à l’abondance de roches sédimentaires sous lesquelles ils ont été ensevelis pendant des millions d’années et emportés au fil du temps par les rivières, telle que la Red Deer River, et grâce au climat très sec de la région.  Entre 1910 et 1917, après la ruée vers l’or, il y eut la ruée vers les dinosaures.  Des milliers de spécimen ont quitté la province et ont rempli les voutes des musées à travers le monde. Heureusement en 1920, l’Université de l’Alberta accumula une collection de 44,000 spécimens de fossiles.  En 1985, le Musée Royale Tyrrell ouvrit ses portes au public et nous avons le plaisir d’y être aujourd’hui.  



Le camarasaurus

Le dimetrodon

Le triceratops ou le centrosaurus ???
 En après-midi, nous nous rendons au Dinosaur Provincial Park, au milieu des Badlands et du terrain de jeu préféré des paléontologues. Nous nous inscrivons pour jeudi à deux tours avec guide en minibus pour aller visiter les endroits où se trouve la plus grande concentration de fossiles de dinosaures. En avant-midi, nous faisons une randonnée jusqu’à un site de fouilles qui a permis de découvrir les restes de centaines de dinosaures à corne. Notre guide nous explique les théories émises au sujet de ce grand nombre de dinosaures morts au même endroit. La théorie la plus répandue est qu’il y ait eu une crue subite des eaux et que les animaux se sont retrouvés empilés les uns sur les autres dans la rivière. 



Un gisement d'os de centrosaurus
En soirée, nous faisons le « Sunset Tour », spécialement conçu pour les amateurs de photographies et pour ceux qui recherchent une expérience plus calme dans la nature.  Notre guide nous conduit dans la vallée des châteaux et celle au paysage lunaire.  Nous revenons au coucher du soleil et retournons au camping où des milliers de maringouins très féroces nous attendent, surtout après la douche qui a enlevé les quelques épaisseurs de chasse-moustiques que nous avons accumulées au cours de la journée.

Un paléontologue à l'oeuvre

Dans la vallée lunaire

Dans la vallée des châteaux


mercredi 20 juillet 2016

17 au 19 juillet – Edmonton (Alberta)

Aujourd’hui, dimanche, nous allons visiter notre neveu Simon et sa copine Yasmin à Edmonton.  Simon est le plus verbal et le plus expressif de nos neveux.  Quand il avait 9 ans, il était venu passer deux semaines chez nous à Whitby.  Le soir, les enfants jouaient dans la rue et on pouvait entendre Simon parler en français à tous ses nouveaux copains, ce qui nous faisait dire que s’il était resté tout l’été, tous les enfants de la rue  auraient appris le français.  Je me rappelle aussi qu’il ne voulait pas rentrer se coucher le soir; il argumentait que ses parents le laissaient rester dehors tard, ce que nous doutions fortement.

La route 43 entre Grande Prairie et Edmonton est à double voie et beaucoup endommagée par les lourds camions qui y circulent.  Heureusement, nous sommes dimanche et les travailleurs routiers ont pris congé.  Les villages, comme Fox Creek, sont des villages de travailleurs avec leurs maisons mobiles et les camions transportant du pétrole sont stationnés sur la rue principale, prêts à prendre la route.  Ce fut cinq heures de route ennuyantes; aucun paysage exceptionnel de montagnes, de lacs et de rivières. 

Nous cherchons un endroit agréable pour notre pique-nique du midi, alors nous prenons la sortie pour le village de Gunn. A notre surprise, nous arrivons à une route qui longe un lac. Cette route nous conduit à Sunset Point qui semble être un endroit de villégiature bien populaire.  Nous nous stationnons dans un parc sur le bord de l’eau. Nous avons trouvé l’endroit idéal pour pique-niquer, il ne manque que la table de pique-nique.  Nous réalisons une fois de plus qu’on est toujours récompensé à sortir des sentiers battus. 

Edmonton est la capitale de l’Alberta, c’est donc une grande ville moderne avec des parcs, tous les services et de larges autoroutes.  Dans les années 1940, la 2e Guerre Mondiale précipita la construction d’Alaska Highway et un grand nombre de travailleurs s’installèrent à Edmonton venant d’aussi loin que l’Ukraine et d’autres pays de l’Europe de l’Est.  De nos jours, ce n’est plus l’or ni le chemin de fer qui attirent ceux désirant trouver du travail et s’enrichir, mais le pétrole.

Nous arrivons chez Simon et Yasmin vers 14h30 et nous sommes accueillis chaleureusement. En vieillissant, Simon n’a pas perdu son tempérament effervescent et il est toujours aussi volubile. Yasmin est plus posée et très accueillante. Comme ses premières langues sont l’anglais et l’allemand, je me demande comment elle arrive à suivre une conversation en français avec le débit rapide de Simon. Ils vivent dans un quartier où tous les voisins se connaissent et s’entraident; c’est quasiment une commune. Plusieurs d’entre eux sont francophones.  Nous passons la soirée à l’extérieur à jaser dans leur cour si bien aménagée, nous rappelant des souvenirs. Puis vers 11h00 nous allons dormir dans Oscar stationné  derrière leur minuscule roulotte. Simon avait déjà dépassé l’heure de se coucher, lui qui se lève à 4h30 pour aller travailler. 

Yasmin au BBQ

De joyeuses retrouvailles
Au fond de la cour chez Simon
Lundi matin, pendant que Simon et Yasmin sont au travail, nous empruntons leurs vélos, que je qualifierais de « vélos de brousse », pour aller nous promener dans les alentours. Malgré le plan détaillé que nous a préparé Yasmin, nous cherchons quand même notre route pour nous rendre au Parc Cloverdale. C’est un bon samaritain qui nous guide finalement.  Le retour est facile car nous comprenons maintenant comment fonctionne le système de rues et d’avenues.  

Au loin, la ville d'Edmonton

Je vais y arriver
 A notre retour, le voisin derrière chez Simon nous offre de cueillir chez lui autant de framboises que nous voulons. Il ne pouvait pas me faire plus plaisir car ce sont mes fruits préférés et la saison pour la cueillette sera terminée au retour de notre voyage.

En après-midi nous partons pour Elk Island National Park, à une quarantaine de kilomètres à l’est d’Edmonton. Mais comment nous y rendre? Les sorties pour l’autoroute 16 sont bloquées par les travaux de construction dans les deux sens.  Selon le GPS, nous avons le choix entre l’entrée ouest et l’entrée sud. Finalement, c’est en choisissant l’entrée ouest que nous réussissons à embarquer sur l’autoroute 16. Après avoir traversé le parc sur une route de gravelle, nous arrivons au sud du parc et des panneaux indiquent finalement la direction du secteur du lac Astotin.

Un champ de canola
Nous voilà maintenant bien installés au camping près du lac où nous faisons la sieste, jusqu’à ce que la marmaille arrive. Ils sont plusieurs familles sous la tente et les enfants s’en donnent à cœur joie.  Le plus fatiguant est le père qui ne cesse de crier après ses enfants. 

Il y a un grand nombre de sentiers dans le parc. Nous choisissons d’aller marcher le long du sentier l’eau-de-la-vie qui débute derrière le théâtre.  C’est un véritable havre de paix où les oiseaux et quelques animaux aquatiques jacassent en harmonie.  

Sur le sentier L'eau-de-la-vie
En soirée, Serge coupe du bois et nous prépare un feu de camp; pouvez-vous croire que c’est notre premier feu de camp depuis le début du voyage? Et oui, nous avons le sentiment d’être plus en vacances qu’en voyage. 

Le bucheron admire son oeuvre
Vers 11h00, au moment d’aller dormir, les familles sous les tentes jasent encore très fort au coin du feu et ne semblent pas avoir envie d’aller dormir.  C’est donc opération « bouchons d’oreilles ». Enfin, je peux dormir. Un dernier mot au sujet de nos voisins bruyants, le mari s’est promené tout l’après-midi en bedaine tandis que sa femme avait un foulard sur la tête, était vêtue d’une blouse à manches longues et un pantalon long et des souliers noirs.  Une autre chose que je ne comprends pas.

Mardi matin, avant de quitter le camping, nous jasons avec nos voisins, pas les bruyants qui dorment encore. C’est un couple de l’île de Vancouver que Serge a aidé hier à trouver un site de camping.  Ils sont très sympathiques et ils nous laissent leur carte pour que nous restions en contact.

La chaleur est bien installée quand nous débutons notre marche sur le sentier du Lac-Simmons. C’est un sentier où on peut observer habituellement des bisons et des orignaux, mais les seuls animaux que nous avons vus sont les milliers de moustiques qui nous ont assaillis durant 1 heure et demie.

Nous tentons notre chance de voir des bisons en allant circuler sur la route des bisons. Pas fous les bisons; ils préfèrent rester au frais au creux de la forêt plutôt que de venir parader devant les touristes. Nous nous installons donc sur les deux chaises rouges que le parc a mises à notre disposition et mangeons notre lunch; pas un seul bison à l’horizon ni un seul moustique, mais l’orage gronde au loin et nous repartons dès la dernière bouchée avalée. 

Un beau pique-nique

On s'en va, l'orage pointe au loin
En sortant du parc, nous prenons l’autoroute 16 en direction sud pour aller visiter le Village historique ukrainien. La première colonie ukrainienne au Canada s’est établie dans le nord-est d’Edmonton entre 1892 et 1894. La surpopulation, le manque de travail et la menace constante de la pauvreté a conduit ce peuple à l’autre bout du monde à la recherche d’une vie meilleure. En plus des bâtiments typiques de l’Ukraine, nous rencontrons quelques figurants d’origine ukrainienne qui nous parlent de la vie de leurs ancêtres dans les années 1930, période que fait revivre ce village. 

C'est comme ça que ça se passe en 1930
La classe des plus jeunes

Une vraie de vraie ukrainienne

Église grecque-orthodoxe ukrainienne
C’est maintenant temps de retourner à Edmonton où Simon et Yasmin nous attendent pour souper.   Ils semblent que toutes les routes d’accès soient en construction et bien des sorties de l’autoroute 16 sont fermées.  Notre GPS fait vraiment un beau travail et après bien des détours, il nous conduit chez Simon et Yasmin.  Après un excellent repas et beaucoup de conversation où chacun essaie de placer son mot, nous leur faisons nos adieux à 10h00, vous vous rappelez que Simon se lève à 4h30, et allons dormir dans Oscar au fond de la cour.  Ce fut vraiment agréable de renouer avec notre neveu et sa copine et nous espérons qu’ils trouveront le temps de venir visiter notre famille à Whitby en Ontario.  Ils nous l’ont promis.