Lundi
matin, nous quittons Fort Wilkins State Park sous
le soleil et partons pour Mackinaw City, au confluent des lacs Michigan et
Huron. C’est une longue journée de route, sans histoires, où nos seuls arrêts
sont pour prendre de l’essence, acheter des provisions et pique-niquer. Nous nous installons au Tee-Pee Campground,
qui est un camping de ville typique, près d’une route passante. Nous avons quand même la chance d’avoir un
site à l’ombre, ce qui est bienvenu car il fait très chaud.
Mardi
matin, nous attendons le minibus devant le camping
à 8h30 pour nous rendre à l’embarcadère du bateau Shepler qui nous conduit à
Mackinac Island. Nous filons à vive
allure sur le Lac Supérieur et en moins de 20 minutes, nous accostons au quai
de l’île. Nous nous retrouvons tout de suite sur Main Street et c’est un
véritable choc culturel. Nous nous
attendions à un endroit paisible, tourné vers le passé et nous voilà plongés
dans une succession de boutiques, de restaurants, d’hôtels et la rue est
encombrée de promeneurs en vélos, de calèches et de charrettes tirées par des
chevaux.
|
Sur Main Street à Mackinac Island |
Heureusement, il n’y a aucune automobile
sur l’île. Dès que nous apercevons l’inscription « Tourism
Information », nous nous y précipitons. "Pouvez-vous nous donner une
carte de l’île et nous indiquer les endroits historiques à visiter et les
sentiers loin de la foule? », dit-on au gentil guide. Il nous suggère aussi de louer des vélos pour
nous promener autour de l’île qui fait 13 kilomètres de circonférence, mais à
voir la quantité de vélos tout autour, nous pensons que ce serait comme nous
promener sur une piste cyclable un dimanche après-midi ensoleillé. Le long du Parc Marquette, nous nous arrêtons
à la petite chapelle d’écorce du Père Marquette, missionnaire jésuite. L’Histoire du Canada nous l’a fait connaître
par son voyage avec Louis Joliette sur la rivière Mississipi, mais nous
découvrons qu’il a un lien très étroit avec cette île. En 1671, il s’est installé ici avec une bande
d’indiens hurons qui avaient été chassés du sud de l’Ontario par les guerriers
iroquois. Ils restèrent sur l’île
seulement un an, jugeant la terre très peu fertile pour leurs cultures et allèrent
établir leur bourgade de l’autre côté du détroit, près de la ville actuelle de
St-Ignace.
|
La petite chapelle d'écorce du Père Marquette |
Bien qu’il fasse très chaud, nous montons
au Fort Mackinac d’où nous avons une vue splendide sur le Parc Marquette et la
marina. Nous entrons par la porte South
Sally. Tous les bâtiments de Fort Mackinac, construits par l’armée il y a plus
de cent ans, sont originaux. Les baraques
des soldats et le poste du commissaire offrent une bonne interprétation de l’occupation
du fort par l’armée britannique en 1779
et par l’armée américaine en 1796. Ce fut ensuite la valse d’occupations par
les deux armées jusqu’à ce que le fort soit abandonné durant la Guerre Civile
américaine en 1865. Le Parc national Mackinac fut créé en 1875, mais la restauration
ne débuta qu’en 1958.
|
En haut, le fort Mackinac |
|
Le Parc Marquette et la marina |
|
Un écornifleux |
|
De l'autre côté du fort |
Comme il fait très chaud, nous manquons d’énergie
pour tout visiter. Nous sortons du fort
et prenons le sentier ombragé qui conduit sur le bord de l’eau, jusqu’à Arch
Rock à l’est de l’île, une arche de pierre naturelle entourée de verdure. A l’intérieur de l’arche, nous apercevons la
route qui borde l’île et les nombreux cyclistes qui s’y promènent. On se dit : « Finalement, c’est une
bonne idée de faire le tour de l’île en vélo et c’est sûrement plus frais ».
|
Arch Rock |
Nous retournons au fort pour aller dîner sur
la véranda du Tea Room, si magnifiquemnt située, puis nous redescendons sur
Main Street pour aller louer des vélos.
Déjà plusieurs boutiques n’ont plus de vélos disponibles, mais nous
réussissons à en dénicher deux qui n’ont rien de comparable avec nos propres
vélos.
|
Le Tea Room du haut du fort |
|
Notre vue, attablés au Tea Room |
Puis nous partons sur la M185 en pédalant
tranquillement et se faufilant entre les cyclistes qui s’arrêtent souvent. Bientôt nous faisons de même car les points
de vue sont magnifiques. Plusieurs se
laissent tenter par la baignade, d’autres s’arrêtent pour pique-niquer. Cette randonnée nous a réconciliés avec l’île. En revenant vers le centre-ville, nous
retrouvons la foule que nous tâchons d’éviter avec nos vélos encombrants.
|
En vélo, faisant le tour de l'île |
|
Les cyclistes se rafraîchissent dans les eaux du Lac Supérieur |
Avant de reprendre le bateau, nous partons
à pied pour aller visiter le Grand Hôtel qui fut construit en 1887 et qui est l’équivalent
du Château Frontenac à Québec, sauf que l’accueil n’est pas aussi
chaleureux. Ici, il faut payer $10 par
personne pour se promener sur le terrain ou entrer dans l’hôtel si vous n’êtes
pas un client. Pour souper, les hommes doivent porter le veston et la
cravate. Je n’ai jamais vu autant de
prétention au Château Frontenac. Comme
nous faisons partis de la plèbe, nous rebroussns chemin et allons prendre le
bateau. J’aurais le goût de revenir à Mackinac Island pour l’explorer en
profondeur et même y loger dans un hôtel, comme Hotel Iroquois, à une période
moins achalandée.
|
Dans les rues, en route pour Grand Hotel |
|
Au Grand Hotel, c'est le plus loin que nous avons pu aller |
Ce soir, le temps est superbe au camping.
Installés à notre table de pique-nique, nous dégustons un délicieux filet de
saumon arrosé de sirop d’érable et d’épices à steak Montréal, accompagné d’un
bon vin.
Mercredi
matin, avant de quitter Mackinaw City nous allons
visiter Colonial Michilimackinac, situé sur la rive sud du détroit de Mackinac.
Nous arrivons à l’ouverture, donc il y a
peu de monde. Ce sont les soldats
français qui ont construit ce fort en 1715.
Pendant 65 ans, il servit de dépôt pour la traite des fourrures et passa
aux mains des Britanniques en 1761. Durant la Guerre d’Indépendance américaine,
il fut démantelé et reconstruit à Mackinac Island qui offrait une défense
naturelle avec ses falaises. Maintenant,
le fort est reconstruit basé sur des cartes historiques et plus de 50 ans d’excavations
archéologiques; il nous fait vivre une expérience dans le monde militaire de l’époque.
|
Le Fort Michilimackinac |
Nous sommes accueillis par un soldat
anglais à l’habit rouge et au sourire contagieux. Nous lui disons que nous sommes des coureurs
des bois venus vendre des fourrures et il nous dirige vers la baraque consacrée
à l’occupation du fort par les français. A part ça, aucune trace des français,
personne ne parle la langue de Molière.
Dans la maison du prêtre, nous voyons sa
cave à vins et à autres biens qui était très bien garnie. C’est vrai que les
prêtres ne font pas vœu de pauvreté. Le four à pain chauffe et la paysanne s’apprête
à faire cuir son pain. Dans l’opulente
maison du marchand, son épouse nous attend, assise à la fenêtre. Nous visitons tous les bâtiments animés par
les figurants et assistons au tir au mousquet, puis nous repartons en faisant
le tour des remparts.
|
La paysanne s'apprête à faire cuire son pain |
|
Les soldats attendent les visiteurs au Fort Michilimackinac |
|
Du tir au mousquet |
|
Les archéologues continuent leurs excavations |
Avant de quitter Mackinaw City, nous nous
arrêtons acheter des « pasties » que nous voyons annoncer partout
depuis notre arrivée au Michigan et qui ont aiguisé notre curiosité. Ce sera notre souper pour ce soir.
Débute maintenant une longue route qui nous
ramène en Ontario au Canada, en passant par Sault Ste-Marie, et nous conduit jusqu’à
Chutes Provincial Park à Massey. Enfin nous retrouvons un camping en pleine
nature où les sites sont espacés, ombragés et le sol recouvert d’épines de
conifères séchées. Une légère brise rend
la chaleur supportable malgré le taux d’humidité élevé. Je fais réchauffer doucement le « pasty »
au bœuf de Mackinaw City que nous mangeons avec le restant de brocoli. Il s’agit
de bœuf effiloché avec des petits cubes de patates, entourés d’une pâte comme
un chausson. A mon avis, ça manque d’assaisonnements
et d’oignons, mais je garde l’idée pour une variante de notre traditionnel pâté
à la viande.
En soirée, je réussis à convaincre Serge d’aller
marcher sur le sentier le long du parc jusqu’aux chutes. La nuit s’annonce très chaude, la plus chaude
du voyage, mais grâce aux deux petits ventilateurs à batteries que nous avons
apportés, nous réussissons à dormir confortablement.
|
A Chutes Provincial Park |
Jeudi
matin, nous entamons la dernière journée de notre
voyage. Bien à contrecœur, Serge se laisse convaincre de faire un détour de 60
kilomètres à l’aller et autant au retour, pour aller faire un tour au village
de Killarney sur le bord de la Baie Georgienne, au sud de Sudbury. Il y a 15 ans, nous venions faire du
canot-camping à Killarney Provincial Park, puis nous venions manger des fish
& chips dans ce petit village qui se vante de faire les meilleurs au monde. Malgré toutes ces bonnes raisons, Serge ne
cesse de ronchonner, il a trop hâte d’arriver à la maison. Ce n’est pas son jour de chance car nous
sommes arrêtés pendant une heure sur la route 69 où s’effectuent des travaux de
réparation sur un pont.
|
Des fish & chips à Killarney |
Ce n’est qu’à 18h00, après 9 heures de
route, que nous arrivons finalement à la maison après avoir parcouru 655
kilomètres. Au total, nous avons ajouté 21, 675 kilomètres au compteur au cours
de ce voyage et bien des souvenirs dans notre mémoire. Nous n’oublierons jamais
notre retour dans le passé avec Lewis et Clark, Sitka, le Parc Denali, la route « Top
of the World » exécrable, Dawson City, les dinosaures et le fort Garry.
J'aime beaucoup l'île Marquette. Bon retour à la maison. Louise
RépondreEffacerBon, c'est l'île Mackinac, mais Père Marquette serait bien fier d'avoir une île à son nom.
RépondreEffacerBon retour et bon repos. Merci pour l'excellent travail de reporter.
RépondreEffacerMerci de nous avoir suivis et pour les bons commentaires.
EffacerÇa semble superbe cette île! À retenir! Quand il y aura moins de monde effectivement!
RépondreEffacerT'es bonne Patricia d'arriver à convaincre Serge de faire un détour! Moi, pas moyen...quand le cheval sent l'écurie, rien à faire pour dévier la trajectoire!
C'est plus facile de le convaincre quand il y a de la bouffe en jeu. Ça augmente mes chances. Pareil comme pour le cheval finalement.
Effacer