vendredi 5 août 2016

1er au 4 août – Mackinac Island, Mackinaw City

Lundi matin, nous quittons Fort Wilkins State Park sous le soleil et partons pour Mackinaw City, au confluent des lacs Michigan et Huron. C’est une longue journée de route, sans histoires, où nos seuls arrêts sont pour prendre de l’essence, acheter des provisions et pique-niquer.  Nous nous installons au Tee-Pee Campground, qui est un camping de ville typique, près d’une route passante.  Nous avons quand même la chance d’avoir un site à l’ombre, ce qui est bienvenu car il fait très chaud. 

Mardi matin, nous attendons le minibus devant le camping à 8h30 pour nous rendre à l’embarcadère du bateau Shepler qui nous conduit à Mackinac Island.  Nous filons à vive allure sur le Lac Supérieur et en moins de 20 minutes, nous accostons au quai de l’île. Nous nous retrouvons tout de suite sur Main Street et c’est un véritable choc culturel.  Nous nous attendions à un endroit paisible, tourné vers le passé et nous voilà plongés dans une succession de boutiques, de restaurants, d’hôtels et la rue est encombrée de promeneurs en vélos, de calèches et de charrettes tirées par des chevaux.  

Sur Main Street à Mackinac Island
Heureusement, il n’y a aucune automobile sur l’île. Dès que nous apercevons l’inscription « Tourism Information », nous nous y précipitons. "Pouvez-vous nous donner une carte de l’île et nous indiquer les endroits historiques à visiter et les sentiers loin de la foule? », dit-on au gentil guide.  Il nous suggère aussi de louer des vélos pour nous promener autour de l’île qui fait 13 kilomètres de circonférence, mais à voir la quantité de vélos tout autour, nous pensons que ce serait comme nous promener sur une piste cyclable un dimanche après-midi ensoleillé.  Le long du Parc Marquette, nous nous arrêtons à la petite chapelle d’écorce du Père Marquette, missionnaire jésuite.  L’Histoire du Canada nous l’a fait connaître par son voyage avec Louis Joliette sur la rivière Mississipi, mais nous découvrons qu’il a un lien très étroit avec cette île.  En 1671, il s’est installé ici avec une bande d’indiens hurons qui avaient été chassés du sud de l’Ontario par les guerriers iroquois.  Ils restèrent sur l’île seulement un an, jugeant la terre très peu fertile pour leurs cultures et allèrent établir leur bourgade de l’autre côté du détroit, près de la ville actuelle de St-Ignace. 

La petite chapelle d'écorce du Père Marquette
 Bien qu’il fasse très chaud, nous montons au Fort Mackinac d’où nous avons une vue splendide sur le Parc Marquette et la marina.  Nous entrons par la porte South Sally. Tous les bâtiments de Fort Mackinac, construits par l’armée il y a plus de cent ans, sont originaux.  Les baraques des soldats et le poste du commissaire offrent une bonne interprétation de l’occupation du fort par l’armée britannique  en 1779 et par l’armée américaine en 1796. Ce fut ensuite la valse d’occupations par les deux armées jusqu’à ce que le fort soit abandonné durant la Guerre Civile américaine en 1865. Le Parc national Mackinac fut créé en 1875, mais la restauration ne débuta qu’en 1958. 

En haut, le fort Mackinac

Le Parc Marquette et la marina

Un écornifleux

De l'autre côté du fort
Comme il fait très chaud, nous manquons d’énergie pour tout visiter.  Nous sortons du fort et prenons le sentier ombragé qui conduit sur le bord de l’eau, jusqu’à Arch Rock à l’est de l’île, une arche de pierre naturelle entourée de verdure.  A l’intérieur de l’arche, nous apercevons la route qui borde l’île et les nombreux cyclistes qui s’y promènent.  On se dit : « Finalement, c’est une bonne idée de faire le tour de l’île en vélo et c’est sûrement plus frais ».  

Arch Rock
Nous retournons au fort pour aller dîner sur la véranda du Tea Room, si magnifiquemnt située, puis nous redescendons sur Main Street pour aller louer des vélos.  Déjà plusieurs boutiques n’ont plus de vélos disponibles, mais nous réussissons à en dénicher deux qui n’ont rien de comparable avec nos propres vélos. 

Le Tea Room du haut du fort

Notre vue, attablés au Tea Room
 Puis nous partons sur la M185 en pédalant tranquillement et se faufilant entre les cyclistes qui s’arrêtent souvent.  Bientôt nous faisons de même car les points de vue sont magnifiques.  Plusieurs se laissent tenter par la baignade, d’autres s’arrêtent pour pique-niquer.  Cette randonnée nous a réconciliés avec l’île.  En revenant vers le centre-ville, nous retrouvons la foule que nous tâchons d’éviter avec nos vélos encombrants.  

En vélo, faisant le tour de l'île

Les cyclistes se rafraîchissent dans les eaux du Lac Supérieur
Avant de reprendre le bateau, nous partons à pied pour aller visiter le Grand Hôtel qui fut construit en 1887 et qui est l’équivalent du Château Frontenac à Québec, sauf que l’accueil n’est pas aussi chaleureux.  Ici, il faut payer $10 par personne pour se promener sur le terrain ou entrer dans l’hôtel si vous n’êtes pas un client. Pour souper, les hommes doivent porter le veston et la cravate.  Je n’ai jamais vu autant de prétention au Château Frontenac.  Comme nous faisons partis de la plèbe, nous rebroussns chemin et allons prendre le bateau. J’aurais le goût de revenir à Mackinac Island pour l’explorer en profondeur et même y loger dans un hôtel, comme Hotel Iroquois, à une période moins achalandée.

Dans les rues, en route pour Grand Hotel



Au Grand Hotel, c'est le plus loin que nous avons pu aller
 Ce soir, le temps est superbe au camping. Installés à notre table de pique-nique, nous dégustons un délicieux filet de saumon arrosé de sirop d’érable et d’épices à steak Montréal, accompagné d’un bon vin.

Mercredi matin, avant de quitter Mackinaw City nous allons visiter Colonial Michilimackinac, situé sur la rive sud du détroit de Mackinac.  Nous arrivons à l’ouverture, donc il y a peu de monde.  Ce sont les soldats français qui ont construit ce fort en 1715.  Pendant 65 ans, il servit de dépôt pour la traite des fourrures et passa aux mains des Britanniques en 1761. Durant la Guerre d’Indépendance américaine, il fut démantelé et reconstruit à Mackinac Island qui offrait une défense naturelle avec ses falaises.  Maintenant, le fort est reconstruit basé sur des cartes historiques et plus de 50 ans d’excavations archéologiques; il nous fait vivre une expérience dans le monde militaire de l’époque. 

Le Fort Michilimackinac
 Nous sommes accueillis par un soldat anglais à l’habit rouge et au sourire contagieux.  Nous lui disons que nous sommes des coureurs des bois venus vendre des fourrures et il nous dirige vers la baraque consacrée à l’occupation du fort par les français. A part ça, aucune trace des français, personne ne parle la langue de Molière. 


Dans la maison du prêtre, nous voyons sa cave à vins et à autres biens qui était très bien garnie. C’est vrai que les prêtres ne font pas vœu de pauvreté. Le four à pain chauffe et la paysanne s’apprête à faire cuir son pain.  Dans l’opulente maison du marchand, son épouse nous attend,  assise à la fenêtre.  Nous visitons tous les bâtiments animés par les figurants et assistons au tir au mousquet, puis nous repartons en faisant le tour des remparts.

La paysanne s'apprête à faire cuire son pain

Les soldats attendent les visiteurs au Fort Michilimackinac

Du tir au mousquet

Les archéologues continuent leurs excavations
Avant de quitter Mackinaw City, nous nous arrêtons acheter des « pasties » que nous voyons annoncer partout depuis notre arrivée au Michigan et qui ont aiguisé notre curiosité.  Ce sera notre souper pour ce soir. 

Débute maintenant une longue route qui nous ramène en Ontario au Canada, en passant par Sault Ste-Marie, et nous conduit jusqu’à Chutes Provincial Park à Massey. Enfin nous retrouvons un camping en pleine nature où les sites sont espacés, ombragés et le sol recouvert d’épines de conifères séchées.  Une légère brise rend la chaleur supportable malgré le taux d’humidité élevé.  Je fais réchauffer doucement le « pasty » au bœuf de Mackinaw City que nous mangeons avec le restant de brocoli. Il s’agit de bœuf effiloché avec des petits cubes de patates, entourés d’une pâte comme un chausson.  A mon avis, ça manque d’assaisonnements et d’oignons, mais je garde l’idée pour une variante de notre traditionnel pâté à la viande. 

En soirée, je réussis à convaincre Serge d’aller marcher sur le sentier le long du parc jusqu’aux chutes.  La nuit s’annonce très chaude, la plus chaude du voyage, mais grâce aux deux petits ventilateurs à batteries que nous avons apportés, nous réussissons à dormir confortablement. 

A Chutes Provincial Park


Jeudi matin, nous entamons la dernière journée de notre voyage. Bien à contrecœur, Serge se laisse convaincre de faire un détour de 60 kilomètres à l’aller et autant au retour, pour aller faire un tour au village de Killarney sur le bord de la Baie Georgienne, au sud de Sudbury.  Il y a 15 ans, nous venions faire du canot-camping à Killarney Provincial Park, puis nous venions manger des fish & chips dans ce petit village qui se vante de faire les meilleurs au monde.  Malgré toutes ces bonnes raisons, Serge ne cesse de ronchonner, il a trop hâte d’arriver à la maison.  Ce n’est pas son jour de chance car nous sommes arrêtés pendant une heure sur la route 69 où s’effectuent des travaux de réparation sur un pont.

Des fish & chips à Killarney

Ce n’est qu’à 18h00, après 9 heures de route, que nous arrivons finalement à la maison après avoir parcouru 655 kilomètres. Au total, nous avons ajouté 21, 675 kilomètres au compteur au cours de ce voyage et bien des souvenirs dans notre mémoire. Nous n’oublierons jamais notre retour dans le passé avec Lewis et Clark, Sitka, le Parc Denali, la route « Top of the World » exécrable, Dawson City, les dinosaures et le fort Garry. 

6 commentaires:

  1. J'aime beaucoup l'île Marquette. Bon retour à la maison. Louise

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  2. Bon, c'est l'île Mackinac, mais Père Marquette serait bien fier d'avoir une île à son nom.

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  3. Bon retour et bon repos. Merci pour l'excellent travail de reporter.

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    1. Merci de nous avoir suivis et pour les bons commentaires.

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  4. Ça semble superbe cette île! À retenir! Quand il y aura moins de monde effectivement!
    T'es bonne Patricia d'arriver à convaincre Serge de faire un détour! Moi, pas moyen...quand le cheval sent l'écurie, rien à faire pour dévier la trajectoire!

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    1. C'est plus facile de le convaincre quand il y a de la bouffe en jeu. Ça augmente mes chances. Pareil comme pour le cheval finalement.

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